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Le sèmè

Le sèmè, à la croisée des disciplines

Précédemment compté à tort parmi les langues mandé, le sèmè est classé depuis 1966 dans la branche kru de la famille Niger-Congo, devenant, de ce fait, l’unique langue kru du Burkina Faso, et formant un isolat au milieu de langues mande et gur. Cet isolement est d’autant plus remarquable que toutes les autres langues kru sont parlées à plus de 1 000 km au sud, au Liberia et en Côte d’Ivoire.
Cet ensemble pose de nombreuses questions à la communauté des africanistes, en particulier sur l’origine géographique de ce groupe. Quel est le parcours des locuteurs de cette communauté ? Viennent-ils du sud (Liberia et Côte d’Ivoire) et sont-ils partis vers le nord (Burkina), comme on le dit parfois ? Ou les Kru ont-ils fait le chemin inverse, la communauté sèmè étant restée au Burkina ?
L’analyse de la relation au territoire, telle qu’elle apparaît au travers de la langue, de l’aménagement de l’espace et du lien homme-nature, pourrait par exemple, dans la mesure où elle révèlerait une organisation spécifique connue des peuples forestiers des pays côtiers, corroborer la première hypothèse.

 

Repères bibliographiques

Le sèmè a fait l’objet de quelques travaux difficilement accessibles, en particulier les mémoires de maîtrise et de DEA de Kotalama TRAORE et les publications de la SIL dans les Cahier de Recherches linguistiques de l’ANTBA/SIL Burkina Faso.

TRAORE Kotalama, Eléments de phonologie dimensionnelle du sèmè, mémoire de maîtrise sous la direction de J. BECUVE, Université de Ouagadougou 1984

TRAORE Kotalama, Recherche sur la structure de l’énoncé sèmè, mémoire de DEA sous la direction de G. Manessy, Université de Nice 1985

TRAORE Kalifa & BEDNARZ N, 2008. Mathématiques construites en contexte : une analyse du système de numération oral utilisé par les Siamous au Burkina Faso, Nordic Journal of African Studies 17(3) : 175-197 http://www.njas.helsinki.fi/pdf-files/vol17num3/traore_bednarz.pdf